L’histoire de la Louise

La Louise est une belle goélette née de la réflexion et de l’expérience de Thierry Dubois, son concepteur.
Lignes élégantes, formes douces semblent sortir d’un livre d’aventures lointaines et immémoriales. 

Pourquoi une goélette ? Parce que le nom fait rêver. Enfant, Thierry en dessinait déjà sur les pages de ses cahiers d’écolier. Une goélette parce que c’est un gréement adapté aux navigations de La Louise.

La Louise est un bateau robuste et marin, conçu spécialement pour les croisières arctiques et se frotter aux glaces en toute sécurité. Depuis 10 ans, la goélette et son équipage explorent des fjords éloignés, les mers froides et des territoires marins oubliés. Se tenant ainsi à l’écart des routes fréquentées, La Louise est le voilier idéal pour découvrir l’Arctique et ses paysages. 

La goélette : un rêve de gamin

La Louise est le bateau de sa vie, un voilier nommé désir comme un rêve de gamin, de ceux dont on sait de manière inexplicable mais certaine qu’ils se réaliseront un jour. Thierry Dubois n’a eu de cesse d’imaginer cette goélette qu’il envisage comme son projet de vie ultime. 

La mer et les moments passés au large sont pour lui source d’inspiration et de gamberge. « Les grandes décisions dans ma vie, je les ai toutes prises quand j’étais en mer ! » dit-il. Le marin n’a jamais gouté à l’immobilité, alors quand il part pour trois mois autour du monde, inutile de dire que le fruit de ses réflexions est à la hauteur de ses navigations engagées. Très tôt donc surgit en lui une envie de bateau à laquelle ses tours du monde ont donné forme : un bateau 19 mètres de long à l’allure unique. «Quand j’ai rédigé un cahier des charges pour le projet de La Louise, il fallait un bateau qui soit adapté à la navigation et au charter dans des zones polaires, l’Arctique en particulier ». Il a donc construit un bateau robuste pour des navigations difficiles… 

Un chantier de longue haleine

Thierry est engagé en 2002 dans la course Around Alone, son troisième tour du monde en course en solitaire, lorsqu’il évoque pour la première fois son projet de goélette avec Nigel Irens, l’architecte de La Louise, passionné d’histoire maritime à voile et architecte talentueux de nombreux bateaux de course. De son côté, Thierry sait précisément le bateau qu’il veut construire, un bateau de vie et de travail. Les deux hommes ne tardent pas à se mettre d’accord, ils partagent la même vision. Le dessin de La Louise sera l’alliance parfaite entre tradition et modernité, fonctionnalité et confort, performance et sécurité. Après échanges de réflexions, de calculs, de dessins, de plans de pont et de gréement, le premier morceau de bois arrive en août 2004 dans le chantier de Thierry, niché en amont de la Ria d’Etel. Le marin est volontaire et aguerri. Deux qualités requises quand on se lance dans ce genre d’entreprise titanesque. La tâche est à la mesure de ses rêves. Des heures de travail, 23 000 au total, dont une partie réalisées seul. Dès le début du chantier de construction de La Louise, Thierry, un brin fanfaron, annonce que le bateau sera mis à l’eau six ans plus tard. Il ne bluffe pas car il a déjà tout prévu et même anticipé l’imprévu. Question de tempérament et de modestie non feinte. C’est justement sa grande expérience de la construction navale, son premier métier, après avoir été chef de bord en école de croisière qui lui permet de planifier aussi sûrement le chantier de la goélette.

Au début des années 2000, Thierry vient en effet de consacrer dix années de sa vie à la course au large, dont une partie pour la construction de son monocoque de 60 pieds baptisé Solidaires avec lequel il participe à son deuxième Vendée Globe, avant Around Alone, course autour du monde en solitaire avec escale. Autant dire que les compétences du marin, son caractère volontaire et son mental en acier lui permettent d’envisager la construction de la goélette avec sérénité. 

Pour mener à bien la construction de Solidaires et tenir les délais imposés par l’enchaînement des courses, Thierry s’était constitué autour de lui une équipe de techniciens. Mais pour La Louise, il voit les choses autrement : il décide de prendre son temps et d’étaler la construction. Un choix qui lui permet de réfléchir, de peaufiner les détails avec toujours le souci d’anticiper les conditions de vie en mer à bord de la Louise.   

Ce choix d’une construction dans un temps qui lui appartient permet à Thierry de connaître parfaitement son bateau, de A à Z et de le faire toujours évoluer aujourd’hui, saison après saison. Ces six années de construction concèdent à son armateur le bonheur d’écouter les moindres frémissements du bateau et de le comprendre comme personne. 

Un bateau de travail, adapté

Vous l’avez compris, La Louise n’est pas n’importe quel bateau. C’est un voilier adapté à son programme, bien conçu et bien construit pour emmener 8 passagers et deux marins dans les meilleures conditions dans des zones polaires, vierges, isolées et parfois hostiles. « Avec la vente de mon bateau de course, j’aurai tout aussi bien pu acheter un bateau de charter pour démarrer mon activité plus vite. Cela m’aurait épargné bien des tracas financiers mais ce n’était pas la philosophie de mon projet » précise Thierry. 

Après des années de course au large, Thierry Dubois s’était fait un nom dans le monde de la compétition. A l’heure de prendre une retraite sportive, comme d’autres il aurait pu tout à fait envisager de se payer un bateau de voyage pour partir en famille ou entre ami, revenir à terre de temps en temps pour arrondir les fins de mois et remplir la caisse de bord en donnant des conférences sur la performance devant des parterres des cadres commerciaux. Thierry s’est choisi une autre existence qui lui ressemble en partageant sa passion avec le plus grand nombre, des hommes et des femmes en quête de découvertes authentiques. 

Une goélette « confort et sécurité »

La Louise est un bateau de charter conçu pour partager des expériences polaires et des moments uniques de vie en mer. « C’était ma volonté : privilégier le confort et la sécurité de mes passagers avant tout le reste. C’est la base. A bord on peut se laver, se réchauffer au coin du poêle, on partage de bons moments, on mange bien et de bons produits qui proviennent de chez des petits producteurs, c’est important, une bonne table, c’est le petit plus. Ce n’est pas la vie que j’avais sur mes bateaux de course mais à bord de la Louise, c’est ce qu’on doit fournir aux passagers avec deux choses clés : la sécurité et le confort ». 

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Question sécurité en mer, Thierry Dubois est un des marins français les plus affutés. En 1996 durant le Vendée Globe, son monocoque Amnesty International est victime d’un chavirage dans l’Océan Pacifique par plus de 50 degrés Sud. Depuis cette date, il est un promoteur obstiné de la sécurité. D’ailleurs, il distille conseils et formations aux navigateurs français dans le cadre des formations sécurité demandées par World Sailing ( Fédération internationale de voile). 

Fort de son expérience des navigations en solitaire et par esprit de professionnalisme comme dans tout ce qu’il entreprend, le skipper de La Louise apporte donc une attention toute particulière aux questions de sécurité. Par exemple à bord, « chaque personne dispose d’une combinaison de survie. Toujours dans l’esprit de pousser plus loin le caractère professionnel de cette activité de charter, je souscris une assurance responsabilité civile spécifique. Enfin, avant chaque début de saison, le voilier, sous pavillon français, est soumis aux contrôles de sécurité imposés par les autorités maritimes françaises (hygiène à bord, maintenance des équipements, contrôle de sécurité, etc…) ».

Thierry a conçu La Louise en partant d’une feuille blanche. La goélette est le fruit de son intelligence maritime et de son expérience en course sur toutes les mers du globe. « Le gréement d’abord, avec deux mâts, permet de libérer beaucoup d’espace sur le pont, idéal pour les séquences d’observations en mer ou au mouillage, ainsi que pour la manutention du matériel de montagne, de kayaks… Le cockpit fermé est un poste de veille idéal, protégé des intempéries. Le voilier dispose de 5 cloisons étanches garantissant une flottabilité et une sécurité en cas de voie d’eau. Sa carène classique et son déplacement lourd offrent un confort à la mer. Il y a aussi un atelier où je peux sans cesse intervenir en cas de besoin, réparer, changer ou améliorer une pièce ».

Mise à l'eau de la Louise

Il y a très peu de voiliers au monde comme La Louise. Elle est un des rares bateaux à voile construit pour des navigations polaires et dédié au charter. Dès sa conception, sa coque est dotée d’une structure capable d’encaisser des chocs avec la glace et d’une étrave brise-glace. La forme du bateau et sa structure ont donc été prévues pour naviguer près des icebergs et se frotter aux growlers. La goélette s’autorise ainsi des moments de navigation en toute sécurité dans des endroits inaccessibles pour la plupart des bateaux. 

La Louise : un moment partagé

La goélette n’est pas un voilier de luxe mais les passagers s’y retrouvent comme dans un refuge de montagne. « Chacun partage la vie du bord et on s’y sent bien, en sécurité. Le bateau a été fait pour accueillir des passagers. A bord, ils ne sont pas simplement des clients qui achètent une place » souligne Thierry. « Ils prennent part avec moi à la vie du bateau et font vivre ainsi l’esprit de La Louise. Tout le monde doit veiller sur ce bien commun, vivre ensemble et autrement, le temps d’un voyage ». 

La Louise, c’est d’abord un refuge qui flotte et un gîte chaleureux, une table d’hôtes.

Thierry prépare à manger, a plaisir à faire la cuisine, à servir à table, à préparer des bonnes choses pour des gens qui viennent de se faire une randonnée. Le carré convivial invite au partage et donne le temps aux échanges comme dans les veillées d’antan au coin du feu. La goélette n’est pas un concept né d’une réflexion marketing ou purement commercial. Elle est la promesse d’une navigation vraie, pure et authentique avec un équipage qui souhaite partager ses voyages et son expérience. « C’est grâce aux passagers que La Louise existe et navigue en Arctique. C’est devenu un mode de vie pour moi, partager le privilège de découvrir des zones arctiques, c’est la vie que j’ai choisie » résume Thierry. «Dans mon esprit, La Louise est un bateau participatif. Le prix d’une navigation à bord doit rester à la portée d’un maximum de gens. C’est un moyen, un outil, un vecteur de découverte et de voyage. Accessoirement, c’est aussi mon lieu de vie ».

Visionnez les étapes de la construction de la Louise en 15 épisodes :